Dur d'être UMP à Asnières

SERVILE AVEC LES PUISSANTS, IGNOBLE AVEC LES FAIBLES

Le «J'ai changé» de Nicolas Sarkozy

Le discours fleuve de Nicolas Sarkozy hier dimanche pour son intronisation était remarquable : il a contient 220 «Je», 50 «Tu», 45 «Nous», 65 «Vous». Et bien sûr, 10 «J'ai changé». Mais est-ce si sûr ? Et en quoi ?

Je ne vais pas me lancer dans une analyse sémantique et lexicographique alambiquée. Je m'arrête aux pronoms personnels, je, tu, nous, vous. 220 «Je», c'est un discours d'autocrate, de monarque absolu.

Change-t-on ? La doctrine criminelle pré-sarkozyste l'admet. Mais en quoi-a-t-il changé ? Citations :

J'ai changé. J'ai changé parce qu'à l'instant même où vous m’avez désigné j'ai cessé d'être l'homme d'un seul parti, fût-il le premier de France. J'ai changé parce que l'élection présidentielle est une épreuve de vérité à laquelle nul ne peut se soustraire. Parce que cette vérité je vous la dois. Parce que cette vérité je la dois aux Français.

Il n'est plus l'homme d'un seul parti et doit la vérité ? Avant il mentait ? Maintenant, il va nouer des alliances objectives avec l'extrême droite ?

J'ai changé parce que les épreuves de la vie m'ont changé. Je veux le dire avec pudeur mais je veux le dire parce que c’est la vérité et parce qu’on ne peut pas comprendre la peine de l’autre si on ne l’a pas éprouvée soi-même.

On imagine les terribles épreuves de la vie qu'il a pu traverser : la pire, c'est cette horrible attente pour devenir président de l'Arépublique ?

J'ai changé parce que le pouvoir m'a changé. Parce qu'il m'a fait ressentir l'écrasante responsabilité morale de la politique. Le mot "morale" ne me fait pas peur.

Le pouvoir et la morale ? Le pouvoir d'insulter ? La morale qui consiste à user de son statut de ministre pour faire son autopromotion avec l'argent du contribuable ? C'est moral d'organiser des rendez-vous UMP dans les locaux de son ministère ? C'est moral de narguer les nécessiteux en gaspillant des millions d'euros pour organiser son propre sacre ?

J'ai changé parce que nul ne peut rester le même devant le visage accablé des parents d'une jeune fille brûlée vive. Parce que nul ne peut rester le même devant la douleur qu’éprouve le mari d'une jeune femme tuée par un multirécidiviste condamné dix fois pour violences et déjà une fois pour meurtre. Dans son regard on lit l'incompréhension de celui qui ne comprend pas comment l'indicible a pu être possible. Je suis révolté par l'injustice et c'en est une lorsque la société ignore les victimes. Je veux parler pour elles, agir pour elles et même, même s'il le faut crier en leurs noms.

Minute pathos.

J'ai changé parce qu'on change forcément quand on est confronté à l'angoisse de l'ouvrier qui a peur que son usine ferme.

Et ça va bouleverser la vie de l'ouvrier ?

J'ai changé quand j'ai visité le mémorial de Yad Vashem dédié aux victimes de la Shoah. Je me souviens, au bout d'un long couloir, d’une grande pièce avec des milliers de petites lumières et des prénoms d'enfants de 2 ans, de 4 ans, de 5 ans prononcés à voix basse de façon ininterrompue. C'était le murmure des âmes innocentes. Je me suis dit alors que c'était cela la politique : faire barrage à la folie des hommes en refusant de se laisser emporter par elle.

Minute pathos.

J'ai changé quand j'ai lu à Tibhirine le testament bouleversant de frère Christian, enlevé puis égorgé par des fanatiques avec six autres moines de son monastère. Le GIA avait prévenu : « nous égorgerons ». On retrouva les sept têtes des moines suppliciés sans leurs corps.

Minute pathos.

J'ai changé quand j'ai rencontré Mandel, ce grand Français. J'avais voulu écrire sa vie pour réparer une injustice, pour changer le regard des autres sur cette destinée tragique. C'est mon regard sur la politique qui s'en est trouvé transformé. Georges Mandel avait la passion de la politique. En mars 1940, il est ministre de l’Intérieur.

Quel regard ? Il est évident qu'il n'a pas changé. Il est évident que ses courtisans n'ont pas changé. Tout cela n'est que langue de bois. La preuve : en quoi a-t-il changé ? Il ne le dit pas.

Mais attardez-vous sur ce qui se passe dans le laboratoire d'expérimentation humaine de ses idées, Asnières-sur-Seine, vous comprendrez que l'avenir qu'il nous promet n'est gai : clientélisme, népotisme, incompétence, gabegie, slapping (judiciarisation de la vie politique), oppression.

Selon un récent sondage Ifop, 51% des personnes interrogées affirment que Nicolas Sarkozy les inquiète. Il y a de quoi et je ne vois pas comment cela peut s'améliorer. Tout devient possible avec Nicolas Sarkozy : même le pire.



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